Vous êtes ici

Maddington Falls

La grande partie des cantons des Bois-Francs fut octroyée à des miliciens anglais. Bien peu vinrent se fixer et défricher leur propre terre. Le seul des miliciens de 1812, venant de maskinongé qui ait profité du lot de terre qui lui fut échu et sur lequel il a toujours vécu par la suite fut Pierre Bruneau.

C'est au mois de février 1827 qu'il prend possession du lot de terre connu sous le numéro 5, du 11 ième rang du Canton de Maddington. Il fut le premier à s'établir dans ce canton.

Pierre Bruneau avait épousé en 1823 à Maskinongé.Élisabeth Lamy. Dans les années qui suivirent, un des beaux-frères de Pierre Bruneau, Emmanuel Lamy et trois compagnons, tous de Maskinongé, vinrent eux aussi s'établir sur des nouvelles terres le long de la rivière. Puis vers 1880, ce fut au tour d'Isaac Gagnon, de Antoine Goupil et de Nil soucy à s'installer dans la continuation du 11ième rang à Maddington-Falls.

Daveluyville

Des anglais s'y installent: James Hodges, en 1869, les Bradley, les Sharples, en 1873, ces derniers intéressés de près à l'industrie du tanin et au commerce du bois. Une dixaine de maisons furent construites sur les terrains avoisinants leur manufacture. Quelques-unes de ces maisons existent encore dans notre village. Les premiers canadiens français à s'établir parmi ces anglais : Jules-Ferdinant Esnouf, Ferdinant Laroche et Pierre Arseneault.

Sainte-Anne-du-Sault

D'après le souvenir des anciens, des paroissiens de St-Grégoire, de St-Wenceslas et de Bécancour sont venus aux environs de 1878 à Ste-Anne-du-Sault pour y établir leurs garçons. Ce sont des Beaudet, des Vigneault et des Plourde qui achetèrent des terres dans le 2ième rang. Déjà plusieurs propriétaires étaient installés, ce qui s'explique facilement quand on sait que le territoire de notre paroisse a été détaché des paroisses de Ste-Gertrude, de St-Louis-de-Blandford, de St-Valère de Bulstrode. À Bulstrode Station, les premiers occupants furent Maxime Duhaime, Onésime Lefebvre et Évangéliste Levasseur.

Suite à l'arrivée de Pierre Bruneau dans le canton de Maddington, ce fut la ruée vers les Bois-Francs. On faisait des démarches auprès du Gouvernement pour obtenir des lots de terre à la "Rivière Bécancour". Il n'était pas rare d'aperçevoir, venant à travers la forêt, un homme seul, sac au dos, hâche à la main, se choisir un lopin de terre et y faire quelques préparations puis retourner dans son village y chercher sa famille.

L'épouse, pendant l'absence de son mari, sélectionne les effets à déménager. On n'emportait que le strict nécessaire: quelques ustensiles, le linge de corps et un peu de provisions, le tout entassé dans une charette tiré par un boeuf. Après avoir dit adieu aux parents et amis, on s'éloignait en empruntant les chemins de terre battue qui conduisent à la nouvelle colonie, le coeur gros mais la tête remplie de projets et d'espoir.

Une fois sur place, si la maison n'a pas été construite à l'avance, le père de famille installe les siens; soit dans un camp de bûcherons abandonné ou chez des parents ou connaissances déjà établis, lesquels sont heureux d'offrir l'hospitalité aux nouveaux venus. Puis l'abri terminé, généralement une petite maison primitive qui plus tard sera remplacée par une plus spacieuse, commencent les travaux de défrichement.

Comme on s'établissait presque toujours à la fin de l'hiver, à cause du meilleur état des chemins, on ensemencera entre les souches dès le printemps suivant. Cette première récolte décidera de la qualité de leur vie pour la saison hivernale.

La première récolte remisée, le défricheur continuera son travail déjà commencé. Avec l'aide d'une paire de boeufs, il procédera à "l'ensouchage" pour rendre propre à la culture une plus grande étendue de sa terre. Il en prendra de 7 à 8 années avant que cette terre neuve soit débarassée des souches et des racines. Après, il pourra labourer et herser pour ensemencer sur un terrain aplani.

Le boeuf était de beaucoup préférable au cheval pour les durs travaux de défrichement ou de charroyage exécutés dans de mauvaises conditions. Lent, mais patient, le boeuf recule au besoin. Il est attentif aux commandements de son maître. S'il fait un faux pas et qu'il tombe, il se relève, calme, impassible et reprend le travail interrompu. Contrairement au cheval qui, au moindre obstacle, creuse du pied la terre, se cabre, se précipite, s'agite jusqu'à briser ses chaînes, le boeuf a bon caractère et n'a pas l'orgueil du cheval.

Le défricheur qui a l'avantage de se procurer une paire de boeufs se rend vite compte que ces animaux sont ses meilleurs amis.

Les produits de l'érable le printemps, les petits fruits l'été, le gibier et le poisson pourvoient à la subsistance de la famille. Si on a des surplus, on pourra en faire l'échange pour d'autres provisions essentielles.Avec les nombreux chantiers, le bruit de la hache des bûcherons se fait entendre de tous bords et de tous côtés. Ainsi, le défrichement progresse, la solitude diminue et on respire plus à l'aise.

La grande difficulté de communication avec les paroisses du bord du fleuve demeure le problème majeur. On reste dans l'obligation de se rendre à pieds, en raquette ou à dos de cheval pour se procurer les denrées de première nécessité : farine, sel, sucre, etc... Si la récolte a été bonne, on doit se rendre à Gentilly pour aller faire moudre l'avoine et le blé.

Malgré le nombre de colons qui augmente chaque année, on sent toujours l'isolement à cause des chemins peu carossables. De plus en plus aussi le besoin de la présence d'un médecin grandit.

Élizabeth Lamy

Le docteur J.E. Landry de Bécancour connaît les grandes difficultés qu'il faut affronter pour se rendre au township (à la nouvelle colonie). Il invite donc chez-lui, Élisabeth Lamy, épouse de Pierre Bruneau. Pendant trois mois, il lui donne des cours et elle acquiert ainsi suffisemment de connaissances pour donner les premiers soins. Femme d'une grande intelligence, très dévouée, possédant une santé à toute épreuve, elle revient après trois mois, chez-elle, à la Rivière Bécancour, avec le nécessaire pour assister les personnes dans le besoin. Si le cas est grave elle s'occupe du patient pendant qu'on se rend à Gentilly chercher le docteur Landry.